Sheelah Delestre
Researcher French Market & global topics
Inflation et indices des prix à la consommation en France - Faits et chiffres
Entre 2022 et 2023, le salaire réel des Français a diminué de 1,8%. Cette situation résulte du fait que les hausses de salaire ont été moins élevés que la forte inflation qui a touché le pays. En effet, plusieurs crises, dont la pandémie de Covid puis la guerre en Ukraine, ont provoqué une inflation galopante qui a atteint un record de 7,3% en février 2022. Le pouvoir d’achat se retrouve ainsi au centre des préoccupations des Français. Alors que les prix de l’immobilier atteignent des montants parfois prohibitifs, la hausse des prix des aliments et de l’énergie a plongé un certain nombre de personnes dans la pauvreté. Ainsi, en janvier 2023, le prix du gaz avait doublé par rapport à 2015, un prix élevé qui se maintient depuis ce moment-là. Pour les produits de consommation en général, les prix ont augmenté de plus de 21% en octobre 2023 par rapport à 2015. Ces augmentations de prix sont mesurées à l’aide des indices des prix à la consommation (IPC), publiés par Eurostat, l’agence européenne de statistiques, ainsi que l’Insee, selon une nomenclature internationale, permettant la comparaison des IPC de différents pays. L’IPC est mensuel, et constitué à l’aide de relevés agglomérés de prix glanés sur différentes plateformes Internet ou points de vente physiques, mais également avec des données fournies par des structures productrices de données tarifaires, notamment pour l’électricité ou les transports. L’IPC permet également de calculer l’inflation des pays. Ainsi, après une forte inflation de 5,2% en 2022, l’inflation de la France est très légèrement redescendue à 4,9% en 2023.
En 2022, c’est donc le secteur de l’énergie qui fut touché en premier. En France, cette crise de l’énergie a provoqué une hausse des prix de l’électricité à hauteur de plus de 54% en janvier 2024 par rapport à 2015. Ajouté à la prise en compte des problématiques climatiques, cela a entrainé un mouvement de regain de popularité du nucléaire, qui promet une plus grande indépendance énergétique de la France.
Par ailleurs, c’est dans l’alimentaire que l’inflation est la plus grave. La hausse des coûts de production à cause de l’énergie mise à part, il reste que si les produits alimentaires ont autant augmenté, c’est également à cause de l’augmentation des marges des distributeurs du secteur agro-industriel ; l’AFP annonçait ainsi une année 2022 avec 142 milliards d’euros nets de bénéfice cumulé pour les entreprises du CAC 40 et même 146 milliards d’euros en 2023.
D’autres secteurs voient même leurs prix s’effondrer comme les services culturels, dont l’indice est passé de 109 en août 2022 à 95 en janvier 2024. Il semble que ce soit lié à la nature du produit, puisque pour les produits nécessitant des matières premières, comme les livres, on observe une inflation similaire à d’autres secteurs victimes en 2022 de la crise des matières premières.
La Banque centrale européenne (BCE) a donc décidé à partir de l’été 2022 d’augmenter petit à petit son taux directeur, pour essayer de freiner la création de monnaie, et donc conserver la valeur de celle-ci. En septembre 2023, la BCE a relevé son taux directeur à hauteur de 4,5%, un record sur les 10 dernières années.
Dévalué après la crise de 2008, le taux directeur de la BCE n’avait cessé de baisser pour tenter de relancer les emprunts et avec eux la production. Seulement, avec la forte récession accompagnant la crise sanitaire, les États ont massivement injecté des liquidités dans le circuit monétaire, de sorte à supporter le fonctionnement des entreprises privées. Or, plus il y a de monnaie en circulation, plus la monnaie perd en valeur. Cela créé donc de l’inflation. Notons cependant que même au plus fort de la crise sanitaire puis jusqu’au début de la guerre en Ukraine, la BCE n’a longtemps pas touché ses taux, créant peut-être les conditions d’une aggravation de l’inflation.
Les Français ne sont pas très réceptifs à ces mesures qu’ils ne jugent pas assez efficaces, en témoigne leur pessimisme quant à l’avenir de leur pouvoir d’achat, alors que la thématique du pouvoir d’achat constitue le sujet le plus important à traiter d’après les Français, qui orientent également fortement leur vote en fonction des promesses des différents partis politiques sur ce sujet./.
Inflation et crise de l'énergie depuis 2022
La séquence inflationnaire de 2022 et 2023 a débuté avec la crise générée par la guerre en Ukraine. Celle-ci a entrainé une crise de l’énergie. La Russie figurant parmi les principaux producteurs de gaz et de pétrole dans le monde, l’une de ses stratégies a été de limiter ses exportations. Ajoutant à cela le fait que l’Union européenne a imposé un embargo sur un certain nombre de produits russes, ce sont les pays d’Europe de l’Est, les plus dépendants commercialement de la Russie, qui ont été les plus touchés. À titre d’exemple, la Hongrie enregistrait un taux d’inflation de 17,14% en 2023, et la Tchéquie a vu une inflation des prix de 15,1% en 2022.En 2022, c’est donc le secteur de l’énergie qui fut touché en premier. En France, cette crise de l’énergie a provoqué une hausse des prix de l’électricité à hauteur de plus de 54% en janvier 2024 par rapport à 2015. Ajouté à la prise en compte des problématiques climatiques, cela a entrainé un mouvement de regain de popularité du nucléaire, qui promet une plus grande indépendance énergétique de la France.
La hausse des marges brutes, contre-coup aggravant la crise
Les professionnels des matières premières ont vu l’occasion comme un effet d’aubaine. La Banque centrale européenne alertait ainsi début 2023 sur la tendance que pouvaient avoir certaines entreprises à camoufler des marges en augmentation depuis le troisième trimestre 2022, pour rattraper la limitation de l’augmentation des prix qui avait caractérisé la réaction française à la crise, aux côtés de subventions publiques généreuses et de la suppression de 50% de la CVAE, un impôt sur la production. On peut observer ce rattrapage avec le taux de marge des entreprises de distribution d’essence, qui représentent cette tendance. Cette inclinaison reste cependant plutôt sectorielle, et le taux de marge général des sociétés non financières, s’il se voit affecté, ne s’effondre pas sur la période.Par ailleurs, c’est dans l’alimentaire que l’inflation est la plus grave. La hausse des coûts de production à cause de l’énergie mise à part, il reste que si les produits alimentaires ont autant augmenté, c’est également à cause de l’augmentation des marges des distributeurs du secteur agro-industriel ; l’AFP annonçait ainsi une année 2022 avec 142 milliards d’euros nets de bénéfice cumulé pour les entreprises du CAC 40 et même 146 milliards d’euros en 2023.
Les secteurs peu impactés
Certains secteurs résistent plus que les autres à la montée générale des prix. Il semble que ce sont les secteurs saisonniers qui résistent le mieux, habitués à des fluctuations périodiques. Les transports maritimes ou fluviaux par exemple, marquent une faible hausse, car on observe des hausses des coûts à l’été et une baisse forte jusqu’à l’été suivant. C’est également le cas pour les services d’hébergement, même si on peut observer une augmentation en comparant les pics de prix, car ils atteignaient l’indice 153,3 en août 2023, contre 140,15 en août 2021.D’autres secteurs voient même leurs prix s’effondrer comme les services culturels, dont l’indice est passé de 109 en août 2022 à 95 en janvier 2024. Il semble que ce soit lié à la nature du produit, puisque pour les produits nécessitant des matières premières, comme les livres, on observe une inflation similaire à d’autres secteurs victimes en 2022 de la crise des matières premières.
Les réactions des États et des banques centrales
Pour contrer l’inflation, diverses mesures ont été prises par les États et banques centrales, de sorte à l’endiguer, puisque le taux maximal de 2% d’inflation est, selon les traités européens, une nécessité pour le bon fonctionnement de la zone euro. En effet, un taux d’inflation trop élevé provoque une instabilité économique et la perte en valeur trop rapide de la monnaie appauvrit les différents acteurs économiques, tandis qu’une inflation trop faible voire une déflation décourage la croissance économique car les citoyens et les entreprises sont encouragées à épargner plutôt qu’à consommer ou à investir, puisque la valeur de l’argent augmente.La Banque centrale européenne (BCE) a donc décidé à partir de l’été 2022 d’augmenter petit à petit son taux directeur, pour essayer de freiner la création de monnaie, et donc conserver la valeur de celle-ci. En septembre 2023, la BCE a relevé son taux directeur à hauteur de 4,5%, un record sur les 10 dernières années.
Dévalué après la crise de 2008, le taux directeur de la BCE n’avait cessé de baisser pour tenter de relancer les emprunts et avec eux la production. Seulement, avec la forte récession accompagnant la crise sanitaire, les États ont massivement injecté des liquidités dans le circuit monétaire, de sorte à supporter le fonctionnement des entreprises privées. Or, plus il y a de monnaie en circulation, plus la monnaie perd en valeur. Cela créé donc de l’inflation. Notons cependant que même au plus fort de la crise sanitaire puis jusqu’au début de la guerre en Ukraine, la BCE n’a longtemps pas touché ses taux, créant peut-être les conditions d’une aggravation de l’inflation.
Les Français ne sont pas très réceptifs à ces mesures qu’ils ne jugent pas assez efficaces, en témoigne leur pessimisme quant à l’avenir de leur pouvoir d’achat, alors que la thématique du pouvoir d’achat constitue le sujet le plus important à traiter d’après les Français, qui orientent également fortement leur vote en fonction des promesses des différents partis politiques sur ce sujet./.
